On apprend que nos ministres de l'écologie, Alain Juppé, et de l'agriculture, Christine Lagarde, ont décidé de ne pas instituer de moratoire sur la culture d'un maïs génétiquement modifié (Mon 810) Cette céréale, la plus plantée en France des OGM, va donc pouvoir envahir quelques 25 à 30 000 hectares.
Le fondement de cette décision gouvernementale est un avis de la Commission du génie biomoléculaire (CGB) : "il n'y a pas, à ce jour, d'éléments de nature à remettre en cause l'évaluation environnementale de ce maïs". On ignorera le fait que cette affirmation est insignifiante, mais on pourra retenir que Greenpeace, dont l'objectivité n'est pas encore démontrée, affirme que "la quantité de toxine insecticide Cry1Ab produite par l'OGM a une tendance à être instable d'une plante à l'autre, et inférieure à la quantité promise par Monsanto" , et que le gouvernement allemand a, lui, institué un moratoire sur la vente de semences de Mon 810 en attendant la mise en place d'un plan d'observation des champs déjà ensemencés. Peut-être est-ce là une application du principe de prudence...
Cette affaire nous replace devant le débat portant sur l'opportunité de manipuler les codes génétiques des organismes vivants, végétaux et -pourquoi pas ?- animaux, voire humains.
Que des plantes génétiquement modifiées acquièrent des caractéristiques intéressantes, résistance à des maladies ou à des parasites, ce peut être un progrès dans la mesure où l'on obtiendrait une meilleure productivité à l'hectare. Il reste que, comme le disais le Président Mao : "toute chose contient en elle son contraire". Cette amélioration ne comporterait-t-elle pas quelque danger ? La chose est difficile à évaluer car les effets de "tripatulations" génétiques ne se révèlent que longtemps après, a posteriori. Il faut que passent plusieurs générations pour les constater.
Le processus peut être accéléré, et des chercheurs de l'Université d'Ulm l'ont fait en étudiant l'évolution de minuscules parasites d'abeilles butinant les fleurs de colzas transgéniques, pour lesquels une nouvelle génération apparaît au bout de quelques heures. Ils ont constaté des mutations importantes.
La chose est peut-être similaire pour les animaux -et, corollairement, pour les humains- qui consommeraint ces produits, et il n'est pas certain qu'elle aille dans un bon sens. On est dans le domaine de l'incertain et de l'imprévisible.
Deux postures sont donc à éviter : une oppositions sclérotique à la culture de végétaux génétiquement modifiés, ce qui s'apparenterait au comportement d'éclésiastiques hostiles à Galilée ou à Giordano Bruno, et un laxisme dangereux qui violerait le principe de prudence maintenant inscrit dans notre Code pénal.
Peut-être peut-on résumer la chose en disant qu'il faut être intelligent.
François Ribard.