Les chiffres ne parlent pas toujours d'eux-mêmes.
A longueur de publications et d'émissions, les médias nous abreuvent régulièrement d'indicateurs numériques censés nous éclairer sur la santé économique des pays et sur le bonheur des nations. On nous parle de "production intérieure brute" (PIB), de "produit national brut" (PNB), de "revenus des ménages" etc. Comme si ces soldes des comptabilités nationales pouvaient, en quelque façon, conforter notre optimisme ou, a contrario, alimenter notre désespérance.
Il faut le reconnaître. Ces montants n'ont d'intérêt que technique -voire technocratique- et peuvent venir en aide aux statisticiens. Ils ne nous parlent, éventuellement, que s'ils sont accompagnés de commentaires d'"économistes" qui ne sont pas forcément objectifs. Dans la bouche des politiciens, ils deviennent, purement et simplement, des outils de propagande. En clair, nous devons les prendre avec des pincettes si nous comptons nous en servir pour nous forger une opinion sur notre situation économique et sociale collective.
Par nature et par définition, ils ne se rapportent qu'à l'évolution financière des pays et des peuples, et, comme on le sait, l'argent ne fait pas le bonheur.
Le Bhoutan est un petit pays d'Asie coincé entre l'Inde et la Chine. Comme la France, il est gouverné par un roi, lui aussi petit. Mais ce monarque, contrairement à un autre, a du coeur et de l'imagination.
Pour rendre compte du sort fait à ses sujets il a mis en place un nouvel indicateur ; le BNB ou "bonheur national brut". C'est sur lui qu'il fixe son attention.
Ne pourrait-on pas chercher à l'évaluer chez nous, pour aider ceux qui gouvernent et ceux qui aimeraient bien être au pouvoir à proposer des poltiques plus humaines que celles qu'ils mettent en avant, exclusiment dictées par des préoccupations pognozofiques ?
Et ne pourrait-on pas, par la même occasion, calculer un BRS, un "bonheur du retraité survivant" ?
François Ribard