"J'ai la rate qui s'dilate, les tibias raplaplas, le pylore qui s'colore... Ah, mon dieu, qu'c'est embêtant d'être toujours patraque ! Ah, mon dieu, qu'c'est embêtant, je n'suis pas bien portant !".
Il va falloir mettre un terme à cette sinistre situation et donc, faute de mieux, trouver un médecin, et un bon, si c'est possible.
Mais comment faire pour sélectionner le meilleur de ceux qui, nombreux, exercent leur industrie dans mon quartier ? L'idéal serait de disposer d'un classement entre eux qui me permettrait de choisir le plus efficace, le plus capable, le plus compétent, le plus performant.
Joie ! L'Assurance-maladie et les médecins libéraux ont signé, dans la nuit du 20 au 21 juillet, un protocole d'accord ouvrant la voie, dit-on à une généralisation des primes de performance pour les toubibs. Les meilleurs d'entre-eux encaisseront jusqu'à 9 000 euros par an s'ils parviennent à atteindre des records d'efficience. Chic ! On va pouvoir opter en toute connaissance de cause pour le meilleur d'entre-eux !
Il y a un problème. Les performances reconnues et retenues dans le monde médical, les objectifs définis sont : atteindre un certain taux de patientes de 50 à 74 ans participant au dépistage du cancer du sein, prescrire une proportion donnée de médicaments génériques, transmettre suffisamment de feuilles de soins électroniques,... Voici qui reste éloigné d'une performance plus réaliste : le nombre de malades soignés, voire guéris de leurs maux.
Nous entrons dans un temps où la qualité d'un médicastre ne se mesurera plus à sa capacité à nous traiter, mais à ses compétences commerciales de distributeur d'actes.
Vive le progrès !
François Ribard