Une note, parue le 7 décembre dernier sur le site lemonde.fr, fait état d'un appel lancé par des associations qui mettent en lumière le triste sort réservé à la langue française en France.
L'article 2 de la Constitution de notre pays précise que le français est la "langue de la République". Il est pourtant de plus en plus mal traité, mal parlé et mal écrit.
Les associations en question insistent surtout sur le fait qu'il est inondé, infesté, pollué, par des anglicismes du plus bas étage qui soit, en particulier dans les entreprises et les médias
Il paraît que cela ajouterait à la qualité intellectuelle, à la compétence professionnelle et au talent opératoire de pouvoir truffer ses propos de mots venus d'Outre-Manche, de tournures et de vocables nés Outre-Atlantique.
On ne voit pas pourquoi, d'autant que notre langue nationale est riche d'un vocabulaire précis, rigoureux et univoque qui permet de mieux faire passer et comprendre un message ou une idée qu'en anglais.
A bien parler, il vaut mieux le faire dans sa langue maternelle que dans un sabir matiné d'un patois exotique. Pour nous, il vaut mieux speaker french correctement que de grasseyer en english.
Il y a, bien sûr, cette variété de snobisme, imbécile comme les autres, qui cherche à faire croire que le métissage linguistique, la souillure du beau langage, l'infection de notre beau parler par des termes anglo-saxons, font élégant, distingué, voire "intellectuel". Nul n'est obligé de s'en décorer.
Je me souviens de deux aventures vécues au début des années 1980.
C'était d'abord dans les bureaux d'une société de réassurance, à Paris, où se tenait un rassemblement de quelques dirigeants. Il y avait là une dizaine de français parisiens et le directeur général d'une filiale amerloque, d'ailleurs parfaitement francophone.
Tout au long de la réunion, les débats se sont tenus exclusivement en anglais.
J'écumais...
Quelques mois plus tard, j'étais en Angleterre et on m'avait invité à assister à une réunion des cadres Grands-Bretons d'une autre société.
Tant pis pour moi, aucun n'a fait l'effort de s'adresser à moi en français et toutes les conversations se sont faites dans la langue de Churchill.
On voit que si certains trouvent gracieux de renier leur idiome national, d'autres préfèrent l'imposer à leurs contemporains et, finalement, ne s'en trouvent pas plus mal.
On peut donc, sans grand dommage, purger notre beau français des virus anglophones qui l'envahissent et qui le grippent.
François Ribard.